Les Français n’ont pas encore voté, le vainqueur est déjà proclamé
Au soir du 13 décembre, la carte politique de la France sera bouleversée. Perdants et vainqueurs ont déjà été désignés alors même que les citoyens n’ont pas encore eu l’occasion de se prononcer sur leurs exécutifs régionaux.
Les grands perdants seront les socialistes, cela relève de la simple logique, ils dirigent actuellement toutes les régions métropolitaines à l’exception de l’Alsace et ils sont au pouvoir au niveau national. Et comme chacun le sait, les élections intermédiaires sont quasi-systématiquement des sanctions pour le pouvoir en place, un coup de semonce du peuple pour rappeler à nos dirigeants qui détient le vrai pouvoir de nomination en France.
Le grand vainqueur aussi a été proclamé, élevé au rang de principale puissance politique du pays par tous les médias et tous les acteurs de la scène politique, y compris par ceux qui sont censés le combattre et qui à force de le mettre en avant l’ont reconnu comme leur égal.
A en croire les médias ce grand vainqueur jouit d’une dynamique exceptionnelle (lemonde.fr, 30 novembre 2015), une force irrésistible que rien ne peut arrêter, et ce ne sont pas les autres forces politiques, tétanisées, ne sachant pas comment l’affronter, espérant ne pas tout perdre dans la déroute qui se profile, qui oseraient l’affronter de face, pied à pied, pour faire échec à sa victoire.
Mais au fond, est-ce vraiment un triomphe que l’on nous annonce ? Ce grand vainqueur, qu’est-il en passe de gagner ? Une région ? Peut-être une deuxième ? Une troisième si les étoiles sont bien alignées ?
Peut-on appeler triomphe la prise de trois régions sur dix-sept ? Oui dix-sept, car la France ne se limite pas à l’hexagone et nos compatriotes de Guyane, de Réunion, de Guadeloupe et de Martinique aussi élisent leurs conseils régionaux.
Si trois régions étaient prises par le vainqueur annoncé ce serait assurément une percée, une belle victoire pour les trois têtes de liste les plus charismatiques de ce parti. Un message inquiétant envoyé au monde de la part de la France de Voltaire et d’Hugo qui prétend lutter contre les extrémistes où qu’ils soient.
Dans le cas le plus favorable pour eux ils ne prendraient qu’un sixième des régions françaises, personne ne contredit cette prévision et pourtant ils sont présentés comme les plus dynamiques, les plus conquérants. Ils seraient dans l’antichambre du pouvoir suprême car, ne l’oublions pas, le scrutin qui suit les régionales n’est autre que l’élection reine de la Vème République : l’élection présidentielle.
Pourquoi?
Sans doute les médias y trouvent un intérêt objectif, la tension dramatique fait de l’audience. Sans doute les élus en place qui vont perdre leurs sièges n’ont pas été à la hauteur, ont promis monts et merveilles et n’ont offerts que petits projets. Sans doute aussi Les Républicains qui ne font que se regarder le nombril de la primaire n’ont aucune idée de l’alternative qu’ils veulent proposer aux Français.
Quoi qu’il en soit, au matin du 14 décembre, bien des responsables politiques, ou du moins qui prétendent l’être, feraient bien de se remettre en question et de repenser leur relation avec des citoyens qui ne leur font plus confiance et qui ne les croient plus.