Les élites politiques ont dix-huit mois pour tirer les leçons du scrutin

Ça y est, le second tour des élections régionales a eu lieu. Le résultat obtenu est bien différent de ce qui était annoncé il y a dix jours encore, le FN n’a remporté aucune région, le PS en a sauvé cinq et Les Républicains – UDI n’en ont gagné que sept dont deux grâce aux retraits des listes de gauche.

 

Alors que s’est-il passé pour que cette victoire anticipée, annoncée, proclamée voire entérinée du FN n’ait pas eue lieu ?

 

D’abord les Français, conscients de l’enjeu, se sont davantage mobilisés au second tour qu’au premier avec neuf points de participation supplémentaires. Ensuite la solitude béante du FN a été de nouveau mise en lumière.

 

90% de ceux qui sont prêts à voter FN le font dès le premier tour, le FN n’a pu compter sur aucun renfort dans l’entre-deux tours pour conforter sa première place dans les six régions où il était arrivé en tête.

 

Pire encore, si les enjeux régionaux n’ont mobilisé qu’un électeur sur deux, l’enjeu de la victoire potentielle a mobilisé six électeurs sur dix au plan national, y compris dans les régions où les électeurs de gauche n’avaient plus de liste de gauche sur laquelle porter leurs suffrages.

 

Une majorité de Français ne veut pas du FN et est prête à aller voter uniquement pour le faire perdre.

 

Les scores du deuxième tour du FN sont révélateurs de ce constat, Marine Le Pen passe de 40,64 à 42,23%, Marion Maréchal – Le Pen passe de 40,55 à 45,22, Florian Philippot de 36,07 à 36,08 Louis Aliot de 31,83 à 33,87, Sophie Montel de 31,48 à 32,44 quant à Walleyrand de Saint-Just il recule de 18,41 à 14,02.

 

Le plafond de verre du FN n’a pas disparu, il s’est un peu élevé mais il demeure bien en deçà des 50% du corps électoral, et cela sur tout le territoire national. Aucun département n’avait élu une majorité de conseillers départementaux frontistes en mars, aucune région n’a élu une majorité frontiste en décembre.

 

Alors qui sont les vainqueurs et les perdants de ce scrutin ?

 

Dans l’absolu le FN a remporté une victoire en inscrivant un nouveau record absolu avec 6,8 millions d’électeurs contre 6,4 à la présidentielle de 2012.

 

Le PS peut également être satisfait, en sauvant 5 régions métropolitaines il est très loin de la déroute qu’avait pu connaître l’UMP en 2004 ou en 2010.

 

Par opposition la prise de l’Île de France ne peut masquer un score médiocre pour l’alliance LR – UDI -MoDem, qui ne s’impose que dans 7 régions dont deux uniquement par le retrait du PS.

 

De plus pour ceux qui n’ont gagné que par la défaite du FN la question de leur légitimité et de l’adhésion des électeurs va se poser rapidement.

 

Du côté des grands perdants se trouvent les formations de l’autre gauche, totalement absente des radars et des urnes, et les centristes, deux des trois têtes de liste de l’UDI ont échoué et Morin n’a gagné que sur le fil.

 

Ces résultats n’ont pas porté le FN au pouvoir mais ils ne dispensent en aucune façon les élites politiques d’une profonde remise en question. Car sur le fond le PS n’a toujours pas tranché le débat entre le penchant social-libéral du gouvernement et la vision plus historique des militants, ainsi que la question des relations avec les partis de l’autre gauche. De même chez Les Républicains l’absence d’une direction claire, d’un programme défini et d’une personne pour le porter décrédibilise la droite pour incarner l’alternative.

 

Les Français veulent des élus nouveaux, porteurs d’un programme clair, et qui respectent leurs engagements.

 

Le prochain scrutin est l’élection présidentielle, il n’y aura pas de triangulaire possible pour sauver les meubles et, avec 6,8 millions d’électeurs, le FN est bien parti pour prendre une des deux seules places disponibles pour le second tour.

 

Pour rappel, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 :

 

  • François Hollande, 10 272 705 voix soit 28,63% des suffrages
  • Nicolas Sarkozy, 9 753 629 voix soit 27,18% des suffrages
  • Marine Le Pen, 6 421 426 voix soit 17,90% des suffrages
  • Jean-Luc Mélenchon, 3 984 822 voix soit 11,10% des suffrages
  • François Bayrou, 3 275 122 voix soit 9,13% des suffrages
  • Eva Joly, 828 345 voix soit 2,31% des suffrages
  • Nicolas Dupont-Aignan, 643 907 voix soit 1,79% des suffrages
  • Philippe Poutou, 411 160 voix soit 1,15% des suffrages
  • Nathalie Arthaud, 202 548 voix soit 0,56% des suffrages
  • Jacques Cheminade, 89 545 voix soit 0,25% des suffrages

 

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