La circonscription de Christian Estrosi pourrait-elle passer au FN ?

À partir des résultats des différents scrutins électoraux qui ont eu lieu dans la circonscription (sauf les municipales) depuis les législatives de 2012, une projection peut être réalisée en vue des législatives partielles qui auront lieu les 22 et 29 mai.

 

La figure politique dominante de la circonscription est sans conteste Christian Estrosi. Maire de Nice, député de la circonscription il a également été tête de liste pour les régionales de décembre 2015. Toute la problématique étant de savoir si les électeurs qui votaient Christian Estrosi voteront pour Marine Brenier.

 

Tous les scores indiqués sont en % des inscrits.

 

Une domination de la droite de gouvernement

 

La circonscription est très clairement de droite. Sur sept tours de scrutin, la droite gouvernementale est arrivée en tête six fois, la seule exception fut la victoire du FN lors des Européennes 2014.

 

L’électorat de droite n’a que peu bougé depuis 2012, entre les premiers tours des législatives et des régionales le nombre d’électeurs est passé de 21814 à 20215. Le second tour des élections régionales a même marqué un nouveau record absolu pour la droite avec 32166 électeurs.

 

Sur la circonscription, le vote pour la droite est fort partout sans être cependant homogène. Lors des élections législatives, européennes, départementales ou régionales, il n’y a pas eu une seule commune où le score de la droite gouvernementale ait été significativement inférieure à la moyenne de la circonscription.

 

Point curieux, alors que Christian Estrosi est maire de Nice, la droite y réalise des performances inférieures à sa moyenne y compris lors du second tour des élections régionales où l’enjeu était maximal, et y compris lorsque l’élection se fait sur son seul nom (cf législatives 2012).

 

Il n’y a jamais eu de surmobilisation de l’électorat niçois en faveur de la droite gouvernementale. De façon concomitante il apparaît que le score de la droite gouvernementale est anti-corrélé au nombre d’inscrits. Dit autrement, et en moyenne, plus il y a d’inscrits dans une commune moins le score de la droite gouvernemental est élevé. Or comme Nice représente 67% des électeurs de la circonscription, elle tire vers le bas le score de la droite gouvernementale.

 

La disparition de la gauche gouvernementale

 

Si au second tour des législatives 2012 la gauche gouvernementale ne représentait déjà que 18,9% des inscrits soit 16168 électeurs son socle électoral n’a cessé de fondre. Notamment pour sa composante principale, le PS, qui est passé de 12419 électeurs de premier tour à 5350 en trois ans, soit une chute de près de 57% de son électorat. Le creux de la vague ayant été atteint aux européennes lorsque seulement 3444 électeurs avaient voté PS.

 

Le score de 6,07% des inscrits au premier tour des élections régionales pour la liste d’union de la gauche rend inenvisageable toute qualification pour le second tour des élections législatives partielles.

 

La spectaculaire dynamique du FN

 

Depuis les législatives 2012, le FN connaît une progression fulgurante de son électorat. Contrairement à d’autres territoires où 2015 a marqué une pause dans cette progression, ici la dynamique n’a pas été interrompu.

 

De 10559 électeurs en 2012 le FN est passé à 21762 au deuxième tour des élections régionales, soit un doublement de l’électorat en trois ans. De plus il est arrivé en tête, avec une avance très confortable, lors des européennes avec 13288 électeurs contre 9653 pour l’UMP.

 

Car une des caractéristiques désormais du vote FN est la mobilisation constante de son électorat quelque soit le scrutin, ce qui lui donne un poids relatif supérieur lors des élections à faible participation (cf les européennes 2014). Ce qui dans le cadre d’une élection partielle peut être un facteur déterminant.

 

l’implantation du FN sur la circonscription est plutôt homogène avec cinq communes où il surperforme (score supérieur à la moyenne plus l’écart-type) et trois où il sous-performe. Fait intéressant de la circonscription, lors du premier tour des élections législatives et départementales, le score du FN était positivement corrélé au nombre de d’inscrits. Dit autrement le FN réalisait de meilleures performances dans les zones urbaines peuplées que dans les autres, ce qui va à l’encontre du modèle classique du vote FN qui veut que les aires urbaines y soient réticentes. Modèle classique qui a été retrouvé lors de la candidature de Marion Maréchal-Le Pen aux régionales.

 

Sur la seule ville de Nice aucun effet Estrosi contre le vote FN n’est mesurable. Si le FN réalise à Nice un score inférieur à sa moyenne dans la circonscription c’est dans des proportions tout à fait comparable à la droite gouvernementale.

 

D’ailleurs lors du premier tour des régionales, le FN est arrivé en tête dans 21 bureaux de vote sur 66 pour 11190 électeurs contre 12783 pour la liste menée par Christian Estrosi.

 

Conclusions

 

– La législative partielle se jouera entre le FN et Les Républicains

 

– La forte mobilisation du FN dans les scrutins à faible participation est un risque pour la candidate LR (Aux européennes avec 42% de participation le FN est arrivé largement en tête)

 

– Une forte participation à Nice pourrait, paradoxalement, être défavorable à la candidate LR proche de Christian Estrosi.

 

– Il est fort peu probable que le Front Républicain soit efficace, aux régionales l’enjeu était fort avec le risque d’une présidence FN pour toute la PACA pour six ans, là il ne sera question que d’une circonscription et pour un an seulement.

 

Si sur le papier la candidate LR part favorite, les différents éléments développés peuvent laisser craindre un fort score du FN voire sa victoire au terme d’un scrutin qui devrait peu mobiliser l’électorat.

 

Aller au contenu principal