Premier mandat ? Tenez bon !
La démission de l’édile de Marseille après quelques mois de mandat n’est pas, pour nous, une surprise. Nous le disons souvent à nos clients : rien ne prépare au mandat d’élu municipal, très dense. Vous atteignez le point de rupture? Prenez le temps de la trêve des confiseurs et de cette lecture, n’abdiquez pas tout de suite !
C’est un phénomène qui va s’intensifiant, les démissions de mandat municipaux ont augmenté de 55% sur le mandat 2014-2020 par rapport au mandat 2008-2014. On peut les mettre sur le compte du non-cumul de mandat, de l’augmentation des fusions de communes, des décès aussi… Mais soyons lucides, une grande partie de ces démissions sont dues à la lassitude, la fatigue, la charge énorme qui pèse sur les élus municipaux.
En 2019, une mission de la Délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation a mené l’enquête auprès de 2 500 élus et conclu que l’abandon du mandat est aussi provoqué par l’accroissement de la technicité juridique de la fonction et du poids des normes, les difficultés de conciliation entre vie familiale et exercice du mandat, l’insuffisance des indemnités au regard des responsabilités exercées et de la charge de travail, les difficultés de positionnement vis-à-vis de l’intercommunalité et sentiment de perte d’influence et enfin l’accroissement des exigences des administrés.
Lorsqu’on en parle avec nos clients, on retrouve chacun de ces arguments point par point
Avec un supplémentaire : « personne ne nous avait dit à quel point ce serait difficile/chronophage/impactant sur notre vie personnelle et familiale ». Et c’est vrai qu’au moment de la campagne, tout à leur euphorie et leur implication, les candidats occultent ou omettent la charge importante de travail que va entrainer leur succès à l’élection.
Passées les premières semaines de l’installation, au moment où la routine et les difficultés s’installent tant à la mairie qu’au travail et à la maison, en particulier en cette année 2020 qui a vu les élus locaux extrêmement sollicités pour faire face à la crise de la COVID, les doutes apparaissent.
Suis-je fait(e) pour cela ? Ai-je « les épaules » ? Vais-je supporter d’être exposé(e), d’exposer mes proches, pendant les 5 prochaines années ? Comment m’organiser pour apprendre tout ce dont j’ai besoin pour mener à bien les missions qui me sont imparties en tant qu’élu(e)?
Toutes ces questions sont légitimes, au premier comme au énième mandat car non, rien, absolument rien, ne prépare au mandat d’élu municipal. Rien ne sert en revanche d’en précipiter la réponse : laissez vous le temps de l’apprentissage !
Quelques pistes pour vous aider à trouver la bonne réponse : la vôtre.
D’abord, profitez de cette période de Noël pour prendre un peu de recul et de repos. Les derniers mois, partagés entre campagne et prise de mandat, ont été intenses. Lâchez prise quelques jours, profitez de vos proches, vous y verrez plus clair à la rentrée.
La nouvelle année est propice aux bonnes résolutions : pensez dès maintenant à ce qui doit être amélioré dans votre organisation, décidez dès janvier que certains jours/périodes seront consacrées à votre mandat (conseils, commissions, cérémonies), votre activité professionnelle, mais aussi à votre vie privée (anniversaires, entrée à l’école, passage du bac, …). Et faites le savoir aux autres élus et aux services pour qu’ils puissent, eux aussi, s’organiser.
Quant à la manière dont vous appréhendez l’exercice de votre mandat, (re) lisez notre guide « Premiers jours de maire« dont les conseils valent pour tous les élus municipaux.
Quant au savoir nécessaire à l’exercice de votre fonction d’élu, il n’y a pas de secret, il faut vous former ! Regardez ce qu’en dit un élu municipal et communautaire dont c’est le deuxième mandat sur notre chaine YouTube. Présentiel, distanciel, collectif ou individuel : tous les moyens sont bons.
Et si malgré tout, vous préférez démissionner ?
Eh bien cela n’est pas si grave, vous aurez essayé, vous aurez appris. Et surtout, ne pensez pas que vos administrés vous en tiennent rigueur : dites leur pourquoi, en toute transparence et en toute humilité.
Si l’on écoute, ce matin, les Marseillais(es) interrogés, ils sont surtout tristes et déçus de ne pas poursuivre avec celle qu’ils ont élus. Mais ils comprennent.
Ceux qui critiquent, ceux qui appellent à de nouvelles élections, ceux qui sont les plus virulents ce sont les autres élus, qui y voient une belle opportunité de faire de la politique. Or, s’il y a quelque chose dont on a tous conscience, c’est que le mandat municipal ne tolère pas la politique politicienne, seulement le pragmatisme sincère.
A l’année prochaine ?