Paroles, paroles …

Après les débats des primaires de droite en octobre et novembre dernier, puis ceux de la gauche en janvier, le premier débat des présidentielles se tient le lundi 20 mars, environ un mois avant le premier tour de scrutin.

Sur les 11 candidats, seuls Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon, François Fillon et Marine Le Pen ont été invités à participer : une autre des situations inédites de cette campagne, dans laquelle candidats, médias et électeurs doivent s’adapter à de nouvelles règles du jeu… tout en gardant bien en tête celles qui sont toujours d’application.

Il en va ainsi des temps de parole, contrôlés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur la base des dispositions pertinentes de la loi organique de modernisation des règles applicables à l’élection d’avril 2016 et d’une recommandation du 7 septembre 2016.

Depuis l’année dernière, l’égalité du temps de parole n’est sanctionnée que pendant la campagne officielle de la présidentielle, c’est-à-dire à compter du 10 avril jusqu’au 21 avril à minuit, puis entre le 28 avril et le 5 mai à minuit.

En-dehors de cette période, c’est le principe d’équité qui prévaut : chaque candidat et soutien du candidat dispose d’un temps de parole proportionnel au poids politique de son mouvement dans le paysage politique national. C’est ainsi que du 1er février au 12 mars, Charlotte Marchandise, candidate non qualifiée issue de la société civile, a disposé de 14 minutes de temps de parole sur BFM TV, 30 secondes sur CNEWS, 11 minutes sur France 3 ; François Fillon d’un peu plus de 2 heures sur TF1, près de 25 heures sur France 5 et 65 heures sur CNEWS.

 

Une autre distinction s’applique entre temps de parole et temps d’antenne : le premier comprend les interventions médiatiques du candidat et de ses soutiens ; le second inclus le temps de parole auquel sont ajoutées l’ensemble des sujets consacrés au candidat, si ceux-ci ne lui sont pas explicitement défavorables. C’est pourquoi les nombreux sujets consacrés aux « affaires Fillon » n’entrent pas dans ce décompte.

Reste que tous les médias ne sont pas concernés par l’obligation de transmission de ces informations : si France 24, Arte, LCP et Public Sénat se conforment aux principes d’équité et d’égalité, elles n’ont pas à le justifier devant le CSA.

Surtout, le CSA a précisé que son contrôle ne s’étend « pas aux services qui, exclusivement accessibles par voie de communication au public en ligne, sont consacrés à la propagande électorale des candidats ou des formations politiques qui les soutiennent. » Les chaines YouTube ou sites internets des candidats diffusant, par exemple des vidéos de soutien, ne sont donc pas concernés.

La solution, pour ces nouveaux médias, est à chercher ailleurs, dans le droit européen : la directive « Services de Medias audiovisuels », dont la révision est à l’examen au Parlement européen, pourrait permettre au CSA d’y étendre son contrôle.

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