Le choix d’un(e) vice-président(e) ou comment ne pas faire de Bide(n) ?

Cette semaine, retour de notre série de billets sur les élections américaines ! Ça tombe bien, cette semaine, Joe Biden a « validé » sa présence à l’élection, en atteignant le nombre de délégués nécessaires. Il est temps, pour lui, de se pencher sur un élément essentiel de la communication des candidats à la course pour la présidentielle américaine : le choix de son (ou sa) vice-président(e).

Dans l’ombre du président comme Mike Pence ou jouant un rôle déterminant auprès de Clinton pour Al Gore, les vice-présidents américains ont un rôle inconstant. Ceci s’explique par le silence de la Constitution américaine sur le rôle et le champ d’action de ce haut personnage de l’Etat. Seule précision, dans le XXVe amendement qui prévoit que le vice-président prenne la présidence en cas de destitution, décès ou démission du président. Le vice-président américain est aussi président du Sénat, un poste honorifique qui lui permet d’apporter sa voix en cas d’égalité à la chambre haute.

Le choix du vice-président est un élément essentiel de la communication des candidats à la course pour la présidentielle américaine. Il offre la possibilité d’élargir son électorat et de modifier son image.

Le choix du créationniste Mike Pence en 2016 pour Donald Trump, lui a notamment permis de récupérer des voix parmi les chrétiens conservateurs qui doutaient de sa probité.  Joe Biden a bien saisi l’importance de ce choix et n’hésite pas à communiquer publiquement sous forme de teasing. Ce dernier avait déjà évoqué, le 15 mars, que son vice-président serait une femme, puis il avait ajouté à plusieurs reprises qu’elle serait latino-américaine. Ces deux annonces ont un double objectif. Le candidat, blanc, riche et âgé se doit pour séduire son électorat d’apporter de la diversité et de représenter (montrer qu’il peut représenter ? ) les minorités. Ce choix stratégique lui permettrait de récupérer les voix déterminantes des latino-américains, notamment en Floride et en Arizona, deux Etats-clés dans la course à la présidentielle. Michelle Lujan Grisham, gouverneure du Nouveau-Mexique et qui a été saluée pour sa gestion rapide et efficace de l’épidémie du Covid-19, est parmi les prétendantes.

Depuis ces annonces, le contexte social n’est plus le même outre-Atlantique. La vague d’émotion à la suite de la mort de George Floyd et les manifestations à travers le pays qui ont suivi impactent durablement la campagne des présidentielles américaines dont l’acte final se jouera le 3 novembre 2020. Bien que majoritairement soutenu par la communauté afro-américaine au sein des Démocrates, et à qui il doit en partie sa victoire à la primaire démocrate, Joe Biden a commis des excès de confiance. Il a notamment affirmé lors d’une interview que « si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n’êtes pas Noir ». Une phrase qui n’est pas passée inaperçue.

La question des violences policières et des droits des minorités sera au cœur du duel entre Trump et Biden.

Face à la situation, le candidat démocrate se retrouve face à un choix complexe. L’annonce d’une colistière afro-américaine semble devenue incontestable car elle (l’annonce) permettrait d’envoyer un message fort aux manifestants. Les sondages, qui sont en sa faveur depuis le début de la vague des manifestations, pourraient définitivement conduire au choix d’une afro-américaine pour la vice-présidence. Des noms circulent déjà dans la presse américaine. On retrouve notamment la grande favorite : Kamala Harris, candidate à la primaire et actuelle sénatrice de la Californie de 55 ans, née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne. La maire d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms est aussi en bonne position depuis ses prises de position très médiatiques sur les manifestations et la condition des afro-américaines. Les bookmakers américains mettent aussi en avant Val Demings, une élue démocrate de Floride à la Chambre des représentants qui a joué un rôle prédominant dans la procédure de d’impeachment de Donal Trump.

Toutefois, il ne faut pas sous-estimer le vote latino-américain qui sera décisif dans certains Etats. L’option d’une candidate latino-américaine ne peut donc pas être exclue, si Joe Biden compte sur un appui poussé de Barack Obama. L’ancien président, depuis la mort de George Floyd, est d’ailleurs très présent dans l’espace médiatique.

Joe Biden, qui fera son choix autour du 1er aout, devra donc composer entre l’opinion publique, la transformation de la société américaine et les calculs politiques. L’objectif est que les minorités afro- et latino-américaines soient représentées et décident donc d’aller voter plutôt que de s’abstenir comme en 2016… avec le résultat que l’on connait.

A vos pronostics !

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