La communication politique à l’épreuve du terrorisme

À Nice, en ce soir festif de 14 juillet, notre Nation a encore une fois été durement frappée lors d’un attentat. Nouvelle épreuve qui s’ajoute à une longue liste commencée le 7 janvier 2015, lorsque la rédaction du journal satirique Charlie-Hebdo fût décimée par les frères Kouachi.

 

Pour les hommes politiques, il n’est pas possible de rester silencieux face à de tels drames et la communication politique face aux attentats a bien évolué depuis Charlie-Hebdo.

 

Lorsque les attentats des 7, 8 et 9 janvier surviennent, la France n’a pas connu d’attentats majeurs depuis près de vingt ans et la bombe de la station Saint-Michel du RER.

 

Bien sûr il y a eu Mohamed Merah en 2012, un loup solitaire fanatisé qui voulait tuer des militaires et des juifs. Mais l’on était loin encore des tueries de masse.

 

En janvier 2015, lorsque la France redécouvre le terrorisme au coeur de sa capitale, les responsables politiques de tout bord respectent une unité nationale forte, qui trouva sa consécration lors de la marche géante du 11 janvier.

 

La liberté de la presse, la police et les juifs. Les trois cibles des terroristes permettent une union des politiques dans la défense de valeurs chères à la France. Seules quelques voix isolées estiment que les caricaturistes de Charlie-Hebdo n’ont récolté que ce qu’ils ont semé.

 

Le déclenchement de Sentinelle, le déploiement massif de l’armée sur le sol national, n’est pas contesté, pas plus que le passage au niveau maximal de Vigipirate en Ile-de-France.

 

En novembre, lorsque 7 attaques coordonnées causent la mort de 130 personnes à Paris et Saint-Denis, les réactions des politiques sont différenciées. Au-delà de la compassion envers les victimes et leurs proches, toute la gamme des réactions a été entendue.

 

Pour tirer leurs épingles du jeu certains politiques veulent dénoter dans le bruit médiatique ambiant et uniforme et n’hésitent pas à réclamer des mesures chocs dont ils promettent une efficacité totale.

 

Réouverture d’un bagne à Cayenne, incarcération systématique de tous les fichés S, expulsion de tous les imams radicaux, déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux voire mono-nationaux,etc…

 

Deux fronts de représentations s’opposent assez vite, l’un accusant le gouvernement de n’avoir rien fait depuis les attentats de janvier, l’autre accusant l’opposition d’avoir affaibli la police et la gendarmerie ainsi que le renseignement lors du précédent quinquennat.

 

L’union sacrée explosant définitivement en plein vol lorsque le Président de la République, qui lui aussi a une communication politique propre à assurer, propose une révision de la Constitution pour entériner l’état d’urgence et la déchéance de nationalité.

 

Cette proposition déchire la classe politique, la gauche étant mal à l’aise avec cette idée et la droite ne voulant pas paraître cautionner les choix de l’exécutif. Finalement rien ne se fera.

 

Et puis au lendemain de Nice, à peine quatre mois avant la primaire de la droite et face à des Français qui s’interrogent légitimement sur la lutte contre le terrorisme, peu de responsables politiques ont essayé de maintenir une unité nationale.

 

Tous les candidats à la primaire y sont allés de leurs analyses, de leurs propositions, forcément différentes de celles des autres, dans une surenchère instinctive et irréfléchie.

 

Irréfléchie car promettre des mesures chocs au sujet du terrorisme et promettre qu’il n’y aura plus d’attentats en cas de victoire est un risque considérable en termes de communication politique. Si le moindre attentat meurtrier, et nous savons désormais que cela peut se produire de manière plus ou moins fréquente, devait avoir lieu quelques mois après l’élection d’un nouveau président de droite, l’effet serait désastreux pour le dit candidat.

 

S’il est classique de dénigrer systématiquement l’action du gouvernement en place et de promettre une bien meilleure action en cas de victoire, il est indéniable que sur un sujet aussi dramatique que le terrorisme de masse le retour de flamme serait dévastateur.

 

Face à de si terribles circonstances, la meilleure communication politique serait de se hisser à la hauteur de l’Histoire, de prendre la mesure de la situation et de ne pas jeter de l’huile sur un feu qui pourrait bien consumer les visées court-termistes de ceux qui l’alimentent en promettant des solutions simples à l’une des crises les plus complexes de notre histoire contemporaine.

 

 

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