30 ans après, la démocrachie
En 30 ans de vie politique française, nous aurons donc explosé tous les chiffres. Des élections cantonales de 1985, nous retiendrons 18 millions d’inscrits, 33 % d’abstentionnistes, 1 million d’électeurs FN…(25 000 voix en 1982 !).
Au second tour des Départementales de 2015, le corps électoral a plus que doublé avec 40 millions d’inscrits, un peu plus de 50 % d’entre eux se sont abstenus (sensiblement le même nombre que les inscrits de 1985), plus de 4 millions de français ont voté pour le Front National (ils étaient plus de 5 millions au premier tour).
Le fait nouveau de cette élection est la percée de l’extrême-droite dans des zones qui jusqu’à présent, restaient imperméables à son discours : l’urbain et le péri-urbain.
Plutôt aisés, leurs habitants n’étaient jusqu’alors pas séduits par le discours économique de Marine Le Pen et ne connaissaient pas non plus la crise de la ruralité ou le chômage, 2 facteurs de vote FN dans les zones rurales et post-industrielles.
Qu’est-ce qui explique cela ?
Selon Pascal Perrineau, « Il y a trois étapes dans la construction électorale du FN. La première est celle du sud-est, avec la droite radicalisée et le vote pied noir. La deuxième est celle du nord-est avec un électorat plus complexe. Une partie proteste contre la société post-industrielle. Une autre vit une résurgence du nationalisme blessé et s’est tournée, faute de mieux, vers le FN. Enfin, la troisième étape est celle concernant le centre et l’ouest, où la crise rurale et rurbaine nourrit un vote frontiste d’une population qui a perdu ses repères. Peu ou prou, il n’y a plus de terres de mission pour le Front National ».
Force aussi est de constater que la performance du Front National tient à la présence massive de ses candidats dans plus de 93% des cantons. Mais également, à la façon dont Marine Le Pen déroule ses arguments, évite les formules-chocs, voire outrancières de son père.
Plus qu’hier, le vote FN est aujourd’hui un vote d’opposition au système politique, le catalyseur du mécontentement de droite et le rejet exacerbé du PS. Entre les électeurs qui s’abstiennent parce qu’ils n’y croient plus et ceux qui cèdent aux grosses ficelles de la nouveauté FN, il y a vraiment de quoi s’inquiéter pour la démocratie !!