Shadow : l’appli qui secoue la primaire démocrate
En 2020, et pour la première fois dans l’histoire des primaires démocrates, les résultats des caucus sont transmis par voie électronique au détriment de l’utilisation du téléphone. Ce changement, mal anticipé et caractérisé par de nombreux problèmes, a conduit à la débâcle du caucus de l’Iowa.
Dans le cas des primaires démocrates, plusieurs chiffres sont publiés : le vote initial que chaque candidat avait obtenu ; le score des candidats à l’issue du « Second Round » ; le nombre de délégués finaux désignés par candidat. Le tout contribuant à brouiller en partie la lecture des résultats et source potentielle de tensions.
Le déroulement des caucus de l’Iowa
La plupart des primaires démocrates se déroulent précisément sous forme de primaires à l’échelle des États. Pour autant, certains d’entre eux ont conservé le mode de désignation des délégués pour la Convention Nationale sous forme de caucus, bien que sa forme soit contestée.
L’Iowa, tout comme le Nevada, le Colorado, le Minnesota, les Samoa, le Dakota du Nord, les Iles Mariannes, l’Alaska, Hawaï, le Wyoming, le Wisconsin, Guam, et les Iles Vierges, a conservé cette forme de désignation des délégués.
Un changement majeur : l’utilisation de l’application Shadow
Le parti démocrate avait opté pour une solution électronique, estimant que l’envoi des résultats par téléphone était trop peu fiable.
Pourtant, il semblerait que Shadow, l’application choisie pour le remplacer est largement critiquable : le téléchargement et l’installation de l’application, le manque de fonctionnement des codes de sécurité, l’impossibilité de transférer l’intégralité des résultats.
Lorsque l’état-major du parti a voulu revenir à l’utilisation du téléphone, les lignes étaient saturées notamment du fait d’un acte de malveillance à l’initiative de forums de l’alt-right américaine.
Bien que les problèmes techniques n’aient pas été détaillés, il est désormais connu que l’entreprise n’a eu que deux mois pour créer l’application sans possibilité de tests en amont des élections. L’agence de sécurité informatique du département de l’Intérieur n’a pas pu contrôler les mesures de sécurité de l’application.
Aux problèmes techniques s’ajoutent les problèmes des utilisateurs : parfois âgés ou en zone rurale, ils n’ont pas tous la capacité à utiliser l’application.
De fait, les organisateurs du caucus du Nevada ont annoncé avoir renoncé à utiliser cette application le 22 février.
Quels effets pour quelle durée ?
Les effets sont multiples sur la campagne et pour autant peu quantifiables sur l’impact en termes de participation à venir pour les primaires dans les autres États et dans la confiance envers le Parti Démocrate.
Plusieurs voix s’étaient faites entendre en 2016 lors de la victoire de H. Clinton déjà face à B. Sanders notamment grâce aux voix des grands électeurs, ces caciques du parti démocrate qui n’ont à présent plus ce droit, pour contester la volonté réelle ou supposée du Parti pour empêcher une victoire de la gauche radicale. Le fait que des anciens responsables de la campagne de H. Clinton et de celle de P. Buttigieg soient responsables de l’application Shadow, censée comptabiliser les résultats et source de disfonctionnement, amplifie le climat de méfiance.
Loin de pallier à ces doutes, le déroulement du caucus de l’Iowa les renforce en partie puisque, une semaine après le vote, les résultats ne sont toujours pas connus que plusieurs membres des équipes des candidats les contestent.
En parallèle, l’acquittement de Donald Trump lors de son procès en impeachment et la hausse de sa côte de popularité à 49 % confirme la difficulté des démocrates à venir. Comme l’affirme une partie des républicains, le seul gagnant des primaires démocrates c’est celui qui n’y participe pas : Donald Trump.
Voir aussi : les primaires démocrates, comment ça marche ?