Cahier d’été, poncif ou coup de com’ ?
On se souvient qu’avant les fêtes de fin d’année 2016, entre les primaires de droite et de gauche et quelques semaines avant le début de la campagne présidentielle, le gouvernement avait mis en ligne un kit de communication intitulé à dessein #RepasDeFamille.
Visant à élever le débat (ou amorcer le pugilat, selon l’hétérogénéité partisane de la famille rassemblée autour de la traditionnelle bûche), ce « bingo » coloré et ludique recouvrait une toute autre réalité : celle des éléments de langage tant décriés, diffusés en-dehors de la sphère politique.
Se saisissant d’un autre temps fort de l’année, La République en Marche réitère en pariant sur la bête noire des écoliers : le cahier de vacances.
Évitons le lien trop hâtif entre la sortie de ce cahier et les propos tenus dans le JDD par Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, interrogé quant aux débuts agités de la nouvelle Assemblée : « Certains [députés LREM] ont des difficultés, mais ils vont passer l’été à réviser ».
Dépassons le débat classique entre anti- et pro- cahiers de vacances : interviewée par le Figaro en 2015, Lilyana Moyana, présidente de la FCPE, estimait que si « le temps de repos [doit servir] à la découverte d’autre chose», « le cahier peut devenir le support d’un moment de partage».
Appliqué à l’année très politisée que nous venons de traverser, cet argument fait sens : les militants comme les citoyens sont en droit d’aspirer à autre chose qu’un été studieux. Mais force est de reconnaître que le cahier de LREM vise surtout au partage de ses lignes-forces et à la consolidation du mouvement. Comment ?
En en reprenant les codes (jaune et bleu, visuel Make our planet great again, ton décalé, insert « parles-tu Macron ? ») pour mieux les diffuser ; en sacrifiant au traditionnel « test » des magazines de plage pour aider les militants à trouver leur place au sein du mouvement ; en proposant des pistes de lecture (Kerouac, Gary, Aragon ou Giroud) ou d’engagement (Surfrider Foundation, Kawaa, KAPS).
Mais aussi en revenant sur les premiers temps forts du gouvernement (infographie sur l’environnement et l’accord de Paris, interview du ministre de l’Education nationale, pour rester dans le thème), sorte d’argumentaire en vue des 100 jours qui interviendront dans l’été, et en préparant -déjà – la rentrée, avec l’annonce des outils qui seront bientôt mis à leur disposition.
Reste que conçu initialement pour les adhérents, la notoriété de ce cahier a largement débordé du mouvement, en faisant un objet de curiosité et plus encore, de communication politique.
Pour tous ceux qui, fatigués par les multiples échéances électorales, échaudés par les débats houleux provoqués par le « bingo » de fin d’année, souhaitent réviser sans verser dans la politique partisane, nous conseillons plutôt « Devoirs de vacances – Politique » paru en juin aux Editions de l’Archipel.